Lettre à un abject, cruel, égoïste...connard.

J'imagine que, dimanche 19 août, rue de la Division Leclerc près du Crédit Agricole à Chevreuse, tu les as trouvés en allant sortir tes poubelles.
Cinq minuscules chatons blottis l'un contre l'autre dans ta haie ou sous un abri dans ta cour ou ton jardin. Peut être leur maman effrayée s'est elle sauvée quand tu as fait du bruit, tu les a alors entendus et découverts.
Cinq minuscules chatons de 1 jour à peine.

Alors, connard, tu es sorti dans la rue, tu as pris sur la poubelle de ton voisin un carton et tu y a installé les chatons. Et en partant travailler, en prenant soin d’être bien discret, tu les a déposés devant la porte fermée de la Clinique Vétérinaire.
Tu es reparti vers ta vie, la conscience tranquille. Tu t'étais débarrassé du problème.

Cinq chatons de 56 g à 122 g, deux femelles tigrées, trois mâles noirs, le cordon ombilical à peine sec, les yeux fermés, un jour à peine.
Pendant  cette journée de lundi, j'ai cherché leur maman. Sur le carton il y avait un nom et une adresse. J'ai téléphoné en utilisant les pages blanches, laissé des messages, je me suis déplacé, j'ai sonné aux portes, laissé des mots avec mes coordonnées ... personne ne m'a recontacté.
J'imaginais la détresse et la souffrance de cette maman chatte a qui on avait arraché ses bébés.
J'ai appelé les fourrières, les associations amies pour leur chercher une maman de substitution. En vain.
La prise en charge des chatons a été immédiate par les assistantes de la clinique. Ils ont tout de suite tété avec avidité et fait pipi par stimulation. Ils ont été installés sur tapis chauffant.

Eh oui sombre crétin, pendant que tu vivais une journée ordinaire, d'autres commençaient un marathon de soins.
Je t'explique. Un chaton nouveau né tête 12 fois par jour, il faut le stimuler à chaque tétée pour qu'il fasse pipi et caca. Normalement c'est la maman chatte (et sa langue rappeuse et humide) qui assure cette fonction.
Tu dois savoir compter pourriture: 5 chatons , 12 tétées, 35 mn x 12 = 7 h de soins par jour.
35 mn de soins, une pause de 1 h 30, 35 mn de soins, une pause de 1 h 30....nuit et jour !!!
Je t'entends déjà argumenter, tu bosses, tu as des responsabilités, la rentrée est stressante, tu as déjà à peine le temps pour tes vacances, tes activités, ta vie sociale...
Mais je m'en fiche de tes excuses. Je ne te demande pas de prendre ma place, ni de comprendre pourquoi je me sens responsable de ces cinq vies. Je te demande juste d'avoir des " couilles", d'assumer tes actions. Tu aurais pu appeler la Clinique pour expliquer ton geste, nous dire où tu les a trouvé. Tu n'aurais pas été jugé. J'aurais été mettre des trappes pour récupérer la maman chatte.
Tu sais, je suis très courtoise et patiente avec les personnes de ton genre, j'en rencontre souvent dans notre belle vallée de Chevreuse. Riches, égoïstes et suffisants.

Pendant 5 jours, les chatons sont choyés, biberonnés. Ils grossissent bien. La plus petite " Crevette" passe de 56 à 120 g. Les autres atteignent les 190 g.
Nous avons mis en place une " garde alternée". Deux nuits moi, deux nuits les assistantes vétérinaires, deux nuits moi...

Mais vendredi Hercule arrête de téter. Il meurt dans la journée malgré les soins vétérinaires.
Vendredi soir, les quatre chatons sont à la maison. A la tétée de 22 h , le "râleur" refuse le biberon.
A minuit nouveau refus, apathie. Il geint doucement en continue. Pas de fièvre. Aucun symptôme. Toute la nuit je tente de lui glisser quelques gouttes de lait entre les lèvres, en vain, il ne déglutit plus.

Samedi matin, un traitement est tenté par la vétérinaire.
A 10 h, Crevette refuse de téter, elle gémit, est toute molle.
A midi, le petit Raleur et Crevette sont endormis.
Restent la Dodue et Ronron, voraces et hyper attachants.
A 15 h la Dodue refuse le biberon.
A 17 h, apathique et avec une fièvre à 40°5, la douce Dodue part au paradis des chats.

Ronron reste seul. J'y crois. Il mange bien . Il est très nerveux de se retrouver sans sa fratrie dans le couffin. Je passe une partie de la nuit à lui caresser le ventre, il adore et patouille en ronronnant.
Dimanche 8 h, Ronron mange peu. A 10 h, il est tout mou et geint.
Ronron est endormi par la vétérinaire ce dimanche à 11 h.

Ma belle dodue.

Est ce que tu as déjà ressenti cette douleur de voir malgré touts tes efforts, tout ton amour, partir des petites vies, cette impression que, comme du sable, elles te glissent entre les doigts?

As tu déjà éprouvé la joie de voir des chatons se réveiller et commencer à sortir du couffin quand ils entendent le sifflement de la bouilloire pour leur biberon ?
Et la petite bouche de la mignonne dodue qui tète mes doigts et Ronron qui s'endort en patouillant au creux de mon cou...
As tu senti ton cœur se serrer et se déchirer en découvrant un chaton qui ne bouge plus au fond du couffin?
As tu entendu leur plainte lancinante et vu les spasmes nerveux leur tordent le corps ?
As tu vu leur vie partir sous la piqûre du vétérinaire ?

J'imagine, sale type, que tu n'as ni amour, ni empathie, ni respect pour la vie.
Je te hais.
Ton égoïsme, ta cruauté, ton insensibilité, ta lâcheté me font vomir. Tu ne respectes ni la vie de ces malheureux chatons, ni celle des humains que tu as mis en difficulté en les abandonnant comme des ordures dans un carton.
Je te hais et je les pleure.